Je vous engage, pour rire un peu, à déguster le petit dictionnaire des idées reçues littéraires (ici intitulé modestement Lexique) inventé par Laurent Binet :
Je souhaite vous faire découvrir L'Autofictif, le blog du romancier Éric Chevillard. Chaque jour (il fait cela depuis 652 jours), il poste 3 phrases dont beaucoup sont impertinentes. Certaines sont délicieuses comme une grisaille qui atténue le risque de beau temps sur les côtes normandes... Exemples :
Jour 650 :
En
laissant malencontreusement choir sur le ciment le bébé que je tenais
dans mes bras, j'eus un instant le cœur tenaillé par l'angoisse à la
pensée que ç’aurait pu être le mien.
Jour 590 :
Très
vite, ce chien sut s’asseoir, se coucher, chercher, rapporter,
attaquer, faire le beau. Quinze années plus tard, son maître ne savait
toujours pas japper, flairer une piste, pressentir l’orage ni remuer
les oreilles.
Jour 551 :
- J’ai une bonne et une mauvaise nouvelle.
- Je ne veux que la bonne.
- Il n’a pas souffert.
Jour 468 :
J’ai relu hier mon autobiographie. Passionnant récit ! Sans mentir, on voudrait que ce livre ne se termine jamais.
J'ai tenu un blog pédagogique pour mes élèves de lycée pendant plus de 3 ans. Aujourd'hui, à cette même adresse, vous trouverez des billets littéraires plus légers, moins techniques aussi. Bonne lecture.
QUI SUIS-JE ?
Enseignant à Poitiers (ENSEMBLE SCOLAIRE ISAAC DE L'ÉTOILE), chercheur sur la littérature intime - notamment du XIXe siècle -, je tiens plusieurs blogs : celui-ci, mais aussi AMIEL CITY, consacré au diariste Henri-Frédéric Amiel et LE SITE DU SCYTHE QUI CITE, lié à quelques citations de mes lectures ! Ma bibliographie (modeste) est celle-ci :
Outre
quelques critiques sous forme de notules dans la revue Europe
(sur Hervé Guibert, Benoît Damon et Philippe Chardin), la liste de
mes publications tourne autour de deux domaines :
l’autobiographie et le journal intime du XIXe siècle et la
littérature suisse romande :
« La
Polyphonie du silence, une lecture de Prague
d’Etienne Barilier », Etudes
de Lettres,
Lausanne, n°3, juillet septembre 1985
« Roland
Barthes, diariste », Littératures,
Montpellier, n°20, printemps 1989
« Les
métamorphoses d’Amiel », La
Licorne,
Poitiers, n°16, 1989
« Une
beauté moderne sur une terre ancienne, Mythologies de la femme chez
Ramuz », La
Revue des Lettres modernes, Collection C.F. Ramuz,
Paris, n°5, 1993.
« Henri-Frédéric
Amiel », Histoire
de La Littérature en Suisse romande,
tome 3, Lausanne, Editions Payot-Lausanne, 1997
« L’écrivain
par lui-même, Autoportrait, autobiographie et journal intime au
XIXe siècle », Histoire
de la France Littéraire,
tome 3, collection Quadrige, Paris, PUF, 2006
Les élèves de l'Ensemble Scolaire ISAAC DE L'ETOILE qui souhaitent me contacter peuvent le faire à partir de leur profil. Ce blog, qui était pédagogique, devient désormais un blog littéraire sans vertu d'apprentissage.
Expression métaphorique qui consiste à dire que des amants, fatigués mais aussi emplis d'une certaine frustration et d'une grande lassitude, dorment après l'amour (Sociologie: bien entendu, cette expression est plus répandue parmi la gente masculine qui croit, avec forfanterie, pouvoir élever les draps au moindre désir!)
Une citation qui n'existe pas :
"Eh bin tu vois, mon p'tit Raoul, t'as beau tout faire pour me séduire, m'est avis que t'es simplement un homme à baisser les draps!"
Fleur de la famille des Liliacées dont on
fait des bouquets recherchés. Dans le langage des fleurs, un bouquet d’asphodettes
a la vertu de dire aux femmes faciles qu’on
les aime, bien qu’elles ne soient pas
votre genre.
Une citation qui n'existe pas :
"Swann gardait en tête
le souvenir de ce bouquet d’asphodettes qui embaumait le vaste escalier et qui
savait dire le bonheur qu’elle était là à l’attendre, douce et précieuse, alors
que cette attente même, sans rien retirer de l’ubiquité de ses espérances, mettait en son cœur la certitude d’être aimé,
comme le voyageur qui délaisse la maison pour des mois et qui sait que son
retour est choyé parce qu’un parfum enivrant, tendre et profond annonce qu’on a
fleuri pour lui l’entrée de la maison en même temps qu’il le retenait de monter
quatre à quatre les marches et de l’embrasser"
Proust, A la Recherche du Temps Perdu (fragment perdu, retrouvé puis reperdu)
"L'homme qu'elle avait été contrainte d'inviter à ce dîner était de ces scruthâteurs de détails qui offrait à son salon un tourbillon de saillies de mauvaise foi"
Mensonge particulièrement imaginaire qui soumet le locuteur à de fantasques déviations logiques.
Une citation qui n'existe pas :
"Notre façon ordinaire de parler c'est d'aller après les affaberrations de nos appétits, au risque de ne rien vouloir de formé, de ne rien aimé de fini, et de tout montré de travers"
Montaigne, Les Essais, chapitre "De L'Inconstance de nos constances et bien davantage"
Coiffe épiscopale, fabriquée par Damart, spécialement conçue pour les vieux prélats frileux.
Une citation qui n'existe pas :
" La vigueur de ma rage, enrubannée de tous les souvenirs qui avaient fait ma gloire de vaurien, était de la nature de ces thermomitres qui, auréoles de densité et de chaleur, parure des victoires ecclésiastiques, couronnaient tous les officiants très sexués de mes rêves"
Dyslexie, mais un peu moins grave (sur l'échelle des pédagogues)
Une citation qui n'existe pas :
"CAPITAINE TROTTOIR : Ah, Père Ubu, je vous sais un grand voyou, capable de pervertir un régiment de parachutistes albinos, de leur crier des ordres incompréhensibles, et plus encore ! C'est votre passé d'enfant atteint de neuflexie qui ressort, et c'est pas joli joli !"
Hommes raides mort d'avoir trop consommé de ce tabac qui, au XXe siècle, était considéré comme une drogue négligeable.
Une Citation qui n'existe pas :
"Regarde moi ces types entassés là, cette hécatombe, ce tas de clopinertes qui nous empêche de jouir de la vue radieuse de Paris ! - Clopinertes, mon cul, dit Zaza en cherchant ses allumettes !"
Complice de comptoir qui aide le client assidu à dire des bêtises à la cantonade.
Une citation qui n'existe pas :
"Ce regard doux et savonneux qu'il lui portait, ah, c'était comme les conneries bienveillantes du bistrot, celles que tous ces alcoolytes savouraient entre eux, une histoire de rire ensemble avec le vin, un regard vitreux mais gentil... à faire peur"
" Quelques jours après avoir ri (le lecteur peut se référer au chapitre précédent que l'auteur a eu du mal à écrire, et par délicatesse, il va donc s'y référer dare dare), l'impératriste devint triste. Ce qui se fit sans douleur"
Jacques Roubaud, L'enlèvement de Wun-Chu dans les hortensias